Article | 06/09/2022 10:42:20 | 6 min Temps de lecture

Les bons trolls en lutte contre le changement climatique

Lara McCoy

L'artiste de recyclage Thomas Dambo montre comment les déchets de quelqu'un constituent un trésor pour d'autres, troll après troll.

Dans la cour de son studio à l'extérieur de Copenhague, Thomas Dambo tente de déterminer comment les trolls réagiront aux ravages causés par l'humanité à la terre.

« Tous les 211 ans, les trolls se réunissent pour évoquer la situation de l'espèce humaine, car ils savent qu'à de nombreuses reprises au cours de l'histoire, les hommes ont mis en péril la vie des animaux et de la planète », explique Dambo. « Aujourd'hui, les hommes ont de nouveau dépassé les bornes. Mais que doivent faire les trolls ? »

Cette réunion de trolls, appelée Troldefolkefest, est le sujet d'une installation à venir de Dambo, un artiste connu pour ses sculptures géantes réalisées à partir de matériaux de récupération. C'est une façon de mettre en évidence à la fois l'ampleur du problème des déchets à l'échelle mondiale et les possibilités qu'ils offrent, explique-t-il.

 

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Le militant du recyclage Thomas Dambo prépare la création d'un autre troll.

Créer à partir de rien

Dambo se qualifie lui-même de militant du recyclage, et sa capacité à trouver de nouvelles utilisations aux matériaux mis au rebut ne se limite pas seulement à son art. Les meubles et les équipements de sa maison et de son bureau ont également été créés à partir de chutes de bois et d'autres pièces détachées.

La décision de travailler exclusivement à partir de matériaux de récupération reflète à la fois les valeurs de Dambo et sa personnalité.

« Mes parents m'ont permis de devenir un bon citoyen du monde en m'apprenant à penser à moi et à mes rêves, tout en ayant une vision plus large du monde. Ils m'ont également incité à essayer des choses et à être débrouillard », explique Dambo. « Mais j'étais également très impatient », ajoute-t-il.

 

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Dambo explique que, lorsqu'il était enfant, la pire chose pour lui était de ne pas pouvoir concrétiser immédiatement ses idées. S'il décidait de construire une forteresse pour ses figurines, par exemple, il voulait le faire immédiatement et non attendre que sa mère l'emmène au magasin pour acheter des matériaux. Il fouillait donc autour de lui pour récupérer tous les matériaux disponibles.

« Plus tard, lorsque j'ai eu l'argent nécessaire pour acheter des matériaux, je me suis rendu compte que cela ne donnait pas de meilleurs résultats », affirme-t-il. « Et j'ai compris qu'il existe un million de façons de concevoir quelque chose. Pourquoi faudrait-il acheter des matériaux spécifiques pour le faire ? » 

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Un autre chef-d'œuvre prend forme.

Trouver le matériau le mieux adapté à l'œuvre

Dambo décide généralement ce qu'il veut créer, puis part à la recherche des matériaux pour le faire, mais parfois c'est l'inverse. Comme sa renommée a grandi, ce sont les matériaux de récupération qui ont désormais tendance à venir jusqu'à lui. Il a acquis tout un stock de panneaux publicitaires qui étaient accrochés sur les murs du métro de Copenhague.

Il pense qu'il pourrait les utiliser à bon escient pour le bardage de son nouveau studio. Ses trolls sont fabriqués à partir d'anciennes palettes de transport ou de morceaux de bois ne pouvant être vendus car ils sont endommagés ou imparfaits. S'il travaille avec n'importe quel matériau, Dambo affirme préférer le bois.

« Le bois est le meilleur matériau au monde pour construire des choses », dit-il. « Il provient de la terre. Il ne pollue pas, il n'est pas toxique et, lorsqu'il se décompose, il fournit plus de nutriments. C'est un matériau extraordinaire. »

 

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Jusqu'à présent, Dambo a créé 81 trolls dans sept pays.

Des trolls et des compliments

L'idée de Dambo n'était pas de créer une communauté de trolls pour guider les hommes vers un avenir plus durable, mais, dès le début, le projet a mis l'accent sur la manière dont les déchets peuvent être utilisés pour créer quelque chose de passionnant.

« Les premiers trolls que j'ai réalisés, je ne les ai pas vraiment appelés ainsi au départ », explique Dambo. « Pour moi, il s'agissait juste de grands êtres recyclés, avec des histoires et une vie propres, mais les gens ont voulu leur donner un nom et ont fini par les appeler trolls. »

Les trolls, construits à partir de petits morceaux de bois et à l'aide d'outils simples, lui permettent d'impliquer un maximum de personnes dans le processus de création. Chaque projet implique des dizaines de bénévoles qui aident à assembler le troll.

 

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Chaque troll est différent et a sa propre personnalité.
 

Le choix des trolls en tant que sujet permet également à Dambo d'optimiser les matériaux avec lesquels il doit travailler.

« Je ne construis pas Justin Bieber tous les jours, donc les gens ne peuvent pas dire : « Ça ne lui ressemble pas. » C'est un troll. Je décide à quoi il ressemble. Je peux lui donner cinq bras si je veux, ou même un seul œil. Si l'un des bras est plus long que l'autre parce que j'ai pu trouver une poutre suffisamment longue et l'intégrer, cela n'a pas d'importance », dit-il.

Jusqu'à présent, Dambo a créé 81 trolls dans sept pays et huit États américains. Ils se trouvent la plupart du temps dans des endroits à l'écart et nécessitent un petit effort de recherche. Il travaille actuellement sur le numéro 82. Il utilise l'éloignement pour amener les gens à découvrir la nature sous un autre jour.

« Je joue sur la relation entre la nature et l'art en faisant en amenant les gens à chercher mes sculptures. Elles deviennent l'objectif de leurs promenades en nature. Peut-être que les gens ne feraient pas tout ce chemin jusqu'à cette petite forêt étrange dans la campagne s'il n'y avait pas de sculpture là-bas. Mais quand ils s'y rendent, ils doivent utiliser leurs sens et c'est à ce moment-là qu'ils perçoivent toutes ces choses que la nature a à offrir », explique Dambo.

 

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La signification des trolls va bien au-delà de l'art.

Le matériau du futur

Les trolls sont des stars des réseaux sociaux, et ce n'est pas un hasard. Dambo a rédigé son mémoire de premier cycle sur les campagnes de marketing viral. Il comprend donc le pouvoir que peuvent avoir les réseaux sociaux, et il sait bien l'utiliser. Son art est particulièrement bien adapté au support et cela l'aide à diffuser sa marque et son message. Chaque selfie est une occasion de montrer comment les déchets peuvent avoir une vie à part entière.

« Je pense que la plupart des gens comprennent en quoi consiste mon art parce qu'ils peuvent voir de quoi il est fait », explique Dambo. « Ils voient qu'il est possible de créer quelque chose à partir de détritus. Le monde ne devrait pas étouffer sous nos déchets. Ils peuvent aussi être ce à partir de quoi nous bâtissons l'avenir. »

 

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Dambo exploite la puissance des réseaux sociaux pour transformer ses créations en stars virales.

 

Photographie : Simone Dupont

 

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